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Parole pour un dimanche nº 13 - 29 mars 2020

samedi 4 avril 2020, par Jean-Noël, webmestre

Parole pour un dimanche nº 13

5e dimanche de Carême - A - 29 mars 2020

[|Quand la confiance nous fait passer de la mort à la vie !|]

L’information angoissée que Marthe et Marie envoient à Jésus Seigneur, ton ami Lazare est malade, n’est-elle pas encore la nôtre aujourd’hui ?

Beaucoup d’amis du Seigneur, nos frères et sœurs en humanité, beaucoup d’institutions créées pour donner favoriser la vie en société, sont aujourd’hui malades. Comme Marthe et Marie, notre devoir n’est-il pas d’en informer Jésus, lui dire notre détresse et porter devant lui les inquiétudes de nos contemporains ? Combien, de par le monde vivent, d’une manière ou d’une autre, eux-mêmes ou un membre de leur famille, ou par leur profession, l’épreuve de la pandémie ?

Cette maladie sera-t-elle, comme celle de Lazare « pour la gloire de Dieu » ?
Elle le sera sûrement si nous acceptons de revoir nos priorités. Notre économie, qui a oublié de mettre l’être humain au centre de ses décisions, n’est-elle pas malade d’un capitalisme débridé qui ne profite qu’à quelques-uns ? Nos démocraties ne sont-elles pas atteintes du virus du repli sur elles-mêmes quand nous laissons tant de gens sur le bord de la route ? Notre terre, que le Créateur nous a offerte et nous a confiée, n’est-elle pas malmenée de toutes parts par la maladie du profit ? Notre humanité n’est-elle pas malade de l’oubli de Dieu, ce Dieu qui ne cesse de nous inviter à prendre soin les uns des autres et à faire le bien quoiqu’il puisse nous en coûter ?

Curieusement, quand il apprend la maladie de Lazare, Jésus demeure deux jours encore à l’endroit où il est.
Il ne se précipite pas. Il prend son temps, ce temps que nous ne contrôlons plus quand nous voulons tout mener de front (et je parle pour moi). Jésus ne viendra en Judée que le troisième jour, comme s’il voulait préparer ses disciples à cet événement inouï de sa propre résurrection. Il ajoute cette phrase que ses disciples comprennent au premier degré : Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer du sommeil. Il lui faudra insister comme pour les réveiller eux aussi du déni : Lazare est mort.

À leur arrivée à Béthanie, Jésus et ses disciples découvrent que beaucoup d’amis sont venus consoler et réconforter les deux sœurs.
En ce temps d’épreuve, ne voyons-nous pas ces nombreux élans de générosité, de solidarité qui naissent ici ou là, relayés par les médias ou effectués dans la discrétion par téléphone, courrier, courriel, texto ou visite prudente aux voisins immédiats ?

Le cri jaillit du cœur de Marthe, puis de Marie Si tu avais été là…

n’est-il pas tout à la fois l’expression d’un regret et, malgré tout, une parole de confiance, alors que Marthe ajoute : Mais je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. Marthe professe sa foi juive : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. Lorsque Jésus, reprenant le Je suis prononcé par Dieu lors de sa révélation à Moïse au buisson ardent, Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra, elle ne craint pas d’affirmer : Oui, Seigneur, je le crois, tu es le Christ. En ce temps de confinement où nous sommes privés du rassemblement dominical communautaire et de l’Eucharistie, notre prière peut se faire plus dépouillée et aller au cœur de la foi : « Je ne comprends pas tout mais je crois, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. »

Dès l’arrivée de Jésus, Marthe prévient Marie restée à la maison avec les amis, et lui dit tout bas : Le Maître est là et il t’appelle. Comme il nous appelle à sortir de nos enfermements sur nous-mêmes. Marthe est la médiatrice de l’appel du Seigneur, comme nous pouvons être nous aussi les médiateurs de l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus pour ceux que nous rencontrons. Marthe relaie l’appel « tout bas », de personne à personne, dans la discrétion et non à la cantonade. Dieu n’appelle-t-il pas chacun à venir le rencontrer personnellement ? Où en suis-je de ma rencontre avec le Seigneur ?

En voyant Marie et ceux qui l’entourent, en pleurs, Jésus est rempli d’émotion.
Affecté par la mort de son ami, il compatit à la souffrance des deux sœurs : lui-même est atteint et verse des larmes. Face au tombeau, toujours rempli d’émotion, s’étant tourné vers son Père, Jésus lance trois appels :

  • Lazare, viens dehors ! Jésus accomplit ainsi la prophétie d’Ézéchiel envers son peuple exilé et emprisonné à Babylone : Vous saurez que Je suis le Seigneur quand J’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple. Le désir de Dieu n’est-il pas de voir ses créatures libres ? L’action de Dieu n’est-elle pas de venir nous faire sortir des prisons dans lesquelles, parfois, nous nous enfermons nous-mêmes, quitte ensuite à gémir sur les malheurs du temps ?
  • Déliez-le ! Jésus invite les témoins de la scène à devenir avec lui acteurs de résurrection. Il les appelle à libérer Lazare des liens qui le tiennent prisonnier de la mort. Ne nous appelle-t-il pas nous aussi à dénouer tous les nœuds de nos vies et ceux de nos contemporains, sources de toutes nos angoisses ? Nœuds des incompréhensions, du ressentiment, des addictions, des rancœurs, du sentiment de culpabilité…
  • Et laissez-le aller ! En ce temps de confinement, ne prenons-nous pas conscience que la liberté d’aller et de venir n’a pas de prix ? Pensons à tous ceux qui, malades, handicapés, prisonniers, terrorisés en sont privés.

Par ce signe de la résurrection de Lazare, Jésus indique qu’il est pour le monde la résurrection et vie. En ce temps d’épreuve, il nous invite à demeurer dans la joie profonde de nous savoir habités par l’Esprit, comme l’indique saint Paul : Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Il rendra vie à nos corps mortels au dernier jour, bien sûr, mais dès aujourd’hui par le baptême et notre foi, « nous sommes déjà ressuscités avec le Christ » !

Courage et confiance. Prenons soin les uns des autres ! En communion de prière au cours de la messe de ce 5e dimanche de carême que nous pourrons suivre par la radio, la télévision ou la web TV du diocèse diffusée à 11 h depuis la basilique Notre-Dame d’Alençon, présidée par Mgr Habert qui donnera des informations importantes aux diocésains.
Jacques Roger


Message du matin du philosophe Martin Steffens

20 mars 2020

Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’à travers cette épidémie Dieu tente, une énième et peut-être ultime fois, de sauver le monde. Ne l’a-t-il pas déjà sauvé, en lui livrant son Fils bien-aimé ?
Quand on est chrétien, c’est en effet ce que l’on croit. Mais on sait aussi que ce Salut, offert à tous, est à recevoir par chacune et chacun.
Ce Salut est venu par la Croix. La Croix est le dernier mot de Dieu, le geste par lequel Il s’énonce. La Croix clame, par les membres suppliciés du Christ, par ses bras grands ouverts : « Je vous aime. » Elle dit : « Comment pouvez-vous douter que Dieu est Amour, puisqu’Il vous aime jusque-là ? »
Mais jusqu’où, au juste ? La Croix nous dit que Dieu nous aime au point de connaître l’abîme de notre péché (dont les coups et les insultes reçus lors de sa Passion sont le symbole) et d’y jeter, en retour, l’abîme de son amour.
Ceci étant fait, ceci étant à ce point dit, reste à chacun le soin et la liberté de répondre. Si quelqu’un vous déclare son amour, si quelqu’un se propose à vous par un « Je t’aime », s’il se livre ainsi à votre désir, la moindre des choses est en effet de répondre.
On peut éconduire celle ou celui qui a projeté sur nous une histoire d’amour pour laquelle nous ne sommes pas faits. On mettra parfois fin à un fantasme : « Non, je ne t’aime pas. Nos vies ne sont pas faites pour être conjuguées. »
Il y aura un chagrin d’amour, une grande blessure. La Croix, c’est le chagrin d’amour de Dieu : Il est venu et n’a pas été reçu par les siens. Mais la Croix est ainsi l’extension de cette déclaration d’amour divin à toute l’humanité.
Parce que les siens n’ont pas voulu du Messie qu’ils attendaient, parce qu’ils l’ont livré à la mort, ils l’ont délivré de son propre peuple pour l’offrir à toute l’humanité. Le signe de la Croix, que saint Jérôme percevait jusque dans celle que dessinent les oiseaux au-dessus de nos têtes, s’adresse désormais à tous. Il fallait que le Christ mourût des mains des siens pour leur échapper et être donné, par elles, à toute l’humanité.
On doit éconduire celle ou celui qui nous déclare une flamme qui ne brûle pas en soi-même. On fera toujours bien d’éteindre un feu qui n’est jamais qu’une passion et un fantasme.
Mais Dieu, on ne peut l’éconduire sans se tromper. D’une part, parce que c’est en connaissant notre pauvreté qu’Il nous déclare son amour. Il ne se trompe pas, puisque son « Je t’aime » s’énonce à partir de notre péché et sachant notre misère.
Il ne se trompe pas au sens où Il a consenti par avance à être trompé. On ne peut refuser la Croix sans se tromper car, d’autre part, aimer Dieu en retour, en réponse à son amour, ce n’est pas aimer une personne comme les autres.
C’est chérir la source de notre être. C’est aimer la Personne par laquelle il nous est donné d’être, les uns pour les autres, autant de personnes à chérir.
Nous avons la possibilité d’éconduire Dieu sans en avoir véritablement le choix : car choisir contre Dieu c’est, à plus ou moins long terme, laisser mourir un à un les germes de liberté, d’amour et de joie qui, en chacun, furent déposés abondamment.
L’enfer, au sens terrifiant du mot, n’existe qu’après que le Christ a planté sa Croix sur le monde.
L’enfer consiste à être aimé de Dieu et à n’y pas consentir. Il consiste à s’être laissé murmurer que Dieu est amour et n’y avoir pas prêté l’oreille.
Pourquoi refuser un tel amour, s’il est ce qui bat au plus intime de notre être ?
Ce sera par fausse modestie (par orgueil) : je ne suis pas digne, dira-t-on, l’humanité n’est pas digne d’un tel amour ; et puis ce serait trop beau pour être vrai, etc.
Comme si un amour gratuitement offert pouvait en même temps avoir égard à une plus ou moins grande dignité…
Comme si la connaissance de sa propre indignité n’était pas le moyen le plus sûr de s’ouvrir à la gratuité d’un tel don…
Ce sera par distraction, aussi, qu’on refusera le don de Dieu : la Croix est là, sur le toit de nos églises et le torse des martyrs, c’est elle qui dessine les bras de l’ami ou de l’enfant quand ils s’ouvrent pour toi, mais on regarde ailleurs.
Ce sera souvent par paresse, cette peur qu’on a d’avoir soi-même à devenir un centre de rayonnement de cet amour premièrement donné.
Alors Dieu nous donne du temps.
En réponse à notre absence de réponse, Il patiente. Dieu est Amour. Dieu est patience. C’est la même chose.
Toute l’histoire de notre humanité, depuis que chacun sait que l’amour est ce qu’il y a, en chacune et chacun, de plus divin, toute cette histoire qu’on croit fort longue et pleine d’événements, tient en réalité dans la Passion du Christ : pendant ces quelques heures atroces, il nous a dit qu’il souffrirait le temps qu’il faut pour que l’on comprenne enfin — pour que l’on accueille son amour.
Dieu nous donne du temps. Il permet qu’une longue histoire s’écrive : l’histoire de nos réponses.
Cette histoire, et quoique ce mot soit abîmé par le péché des hommes, on peut encore l’appeler « l’Église » puisque ce terme qui signifie, en grec, « les répondants » — celles et ceux qui disent oui, de tout leur corps, de toute leur vie, qui prononcent « Moi aussi ! » quand Dieu nous dit « Je t’aime ».
La Miséricorde, c’est Dieu qui laisse à l’homme le temps de répondre. Qui le lui laisse et le lui redonne : pardonner un péché, dit Jésus dans la prière du Notre Père, c’est remettre une dette. C’est donc offrir un peu plus de temps.
Le confinement que nous vivons, c’est d’abord un temps pour remettre Dieu au centre. Ensuite il y aura des pleurs, des peurs, des enterrements compliqués et des deuils plus difficiles à faire.
Pour l’heure, il n’y a que du temps. Et même dans ces pleurs, il y aura du temps. Et ce temps, nous le laissons aujourd’hui à la nature, pour souffler un peu. L’eau de Venise redevient transparente. Le ciel est plus dégagé. L’air en Chine est respirable.
Le prendra-t-on, ce temps ? Déjà les courriers électroniques affluent sur nos messageries pour que, par la puissance du virtuel, le réel qu’il nous est demandé de traverser n’ait pas vraiment lieu.
Il faut résister à cette agitation et attendre. Le monde est à l’arrêt. Une chance lui est redonnée. Dieu ne veut pas que nous recommencions comme avant.
Il ne veut plus de voyages touristiques en avion.
Il ne veut plus cette hyperconsommation qui, chassant la pauvreté (le juste usage des choses), apporte partout la misère (le manque du nécessaire).
Il ne veut plus de ces vies épuisées à la gagner quand l’humanité jette la moitié de la nourriture qu’elle produit.
Il ne veut plus de ces machines à fabriquer de vains soucis que sont ces réseaux qui relient l’homme à l’homme, de plus en plus vite, dans une boucle infernale qui, dans sa spirale, emporte tout.
Il ne veut plus, entre nous et lui, ces mille médiations techniques, mais un cœur-à-cœur qui n’a besoin de rien que de deux jambes qui se plient, d’une tête qui s’incline, d’un cœur ouvert à lui.
Il ne veut de nous que ce peu de temps perdu pour Lui qu’on nomme la prière.
Dieu nous laisse un peu méditer. Je ne dis pas qu’Il voulait ce virus ni cette épidémie. Mais Il veut que nous l’accueillions, comme toute chose, comme la joie ou la maladie, comme l’enfant qui naît et le
jour qui vient, en vue d’un accroissement de son Royaume.
Ce n’est pas nous qui, dans cette épreuve, devons prendre patience. Mais Dieu qui nous rappelle combien grande est la sienne.
Dieu a dit « Je t’aime » et nous nous taisons, parce que, d’ordinaire, il y a tant à faire. Il n’y a plus rien à faire, seulement à entendre et, quand le monde recommencera, il y aura à ne pas faire comme s’il ne s’était rien passé.
Martin


Pôle missionnaire du Perche sud

[/27 mars 2020/]

Bonjour,

En ce temps d’épreuve pour beaucoup, nous restons en contact par ces moyens modernes qui sont bien appréciables et nous sommes en communion avec l’Invisible et les uns avec les autres par la prière. Voici deux informations. Merci d’y prêter attention et de les relayer autour de vous par les différents moyens qui sont à votre disposition.

Information des prêtres

  • Les prêtres, confinés comme tout le monde dans leur presbytère, reçoivent des appels téléphoniques ou des courriels de personnes qui leur confient des intentions de prière, bien souvent des personnes malades, ou d’autres intentions.
    N’hésitez pas à nous confier ces intentions. N’hésitez pas à faire passer l’information autour de vous.
    Nous présenterons ces personnes et ces intentions au Seigneur lors de l’Eucharistie quotidienne que nous célébrons dans la communion des saints, communion entre les vivants de la terre confinés par obligation sanitaire et les vivants du Ciel qui ne cessent de veiller et de prier pour nous. Merci de relayer l’information. Nous sommes permanents de la prière à toutes les intentions.
    [/François, Raymond, Jacques/]

    Information de l’Équipe d’Animation Pastorale

  • Mise en place de permanences d’écoute
    Une personne a proposé l’idée. Dites-nous si vous seriez disponible et dans quel
    créneau horaire pour recevoir des appels et écouter les personnes qui souhaitent échanger avec un(e) chrétien(e) de nos paroisses. Nous pourrions diffuser la liste, le numéro de téléphone et le créneau horaire (3-4 personnes par paroisse).
    Déjà 3 personnes ont proposé d’être à l’écoute :
    —  Thérèse Boulay 02 33 83 05 29 lundi, mercredi et samedi de 10 h à 12 h
    —  Isabelle Brivois 06 35 95 95 96 lundi et mercredi de 14 h à 16 h et jeudi de 10 h à 12h
    —  Jacques Roger 02 33 73 13 24 mardi et vendredi de 9 h 30 à 11 h 30
  • Portage de repas à des personnes seules
    Des paroissiens de Saint-Léonard se proposent de le faire. Dites-nous si des personnes seules seraient intéressées.
  • Relation téléphonique
    Des personnes de l’aumônerie de l’EHPAD de Bellême se sont partagé le nom de résidents et entretiennent avec eux une conversation régulière. D’autres le font dans les villages en direction des personnes seules. Merci à elles.

N’hésitez pas à nous partager vos initiatives solidaires et fraternelles : rogerjac@orange.fr